Et si les nobles valkyries n'étaient plus perçues
comme les fières messagères d'Odin mais comme les envoyées de la mort,
porteuses d'une malédiction plus funeste que le trépas lui-même ? C'est
ainsi que Wylfred voit celle qui l'a dépossédé de tous ceux qu'il
aimait, ne lui laissant comme seule raison de vivre que la vengeance.Condamnée à tirer définitivement un trait sur son passé pour
endosser le rôle de la messagère d'Odin, Lenneth ne pouvait s'empêcher
de verser une larme à chaque fois qu'elle emportait un vaillant soldat
dans les contrées froides de l'entre-monde. Ni morts, ni vivants, les
héros tombés au combat avaient certes l'honneur de rejoindre les autres
Einherjars en attendant d'être envoyés au Valhalla, mais se battre aux
côtés des valkyries ne suffit pas à effacer la peine endurée par ces
êtres à jamais privés de leur famille. Témoin de la disparition de son
père sur le champ de bataille, suivie de près par celle de sa mère et
de sa soeur emportées par la famine et le désespoir, le jeune Wylfred
n'éprouve nulle admiration pour la messagère d'Odin. Sa haine envers la
Valkyrie est telle que lorsqu'il trépasse à son tour pour sauver son
meilleur ami, il accepte le pacte de sang que lui propose Hel, la
déesse du Niflheim, le royaume des morts.
Encerclez l'ennemi pour lui infliger un maximum de dégâts.Un
pacte qui se matérialise sous la forme d'un artefact puissant, la plume
de la destinée, conférant à Wylfred le pouvoir de terrasser celle qu'il
a juré de tuer. Mais l'envers de cette tâche implique une décision
qu'aucun mortel ne peut se permettre de prendre sans en assumer des
conséquences terribles. Car le chemin qui mène à la valkyrie doit être
pavé de sacrifices humains, ceux des compagnons de Wyl qui devra
lui-même choisir s'il souhaite échanger ou non leur vie contre les
pouvoirs sans limite de la plume du destin. Depuis les origines de la
série sur PSOne, tri-Ace nous a habitués à des scénarios torturés,
véritables tragédies jouées par des acteurs dont on connaît d'avance le
destin funeste puisqu'il nous appartient généralement de décider ce
qu'il adviendra d'eux. En ce sens, Valkyrie Profile : Covenant of the
Plume a parfaitement su conserver les enjeux de la série en obligeant
le joueur à sacrifier, malgré lui, certains de ses compagnons, la quête
de Wyl ne pouvant aboutir qu'au prix de la vie de ses proches, du moins
lors de la première partie. Affichant une difficulté exagérée mais
justifiée par le déroulement qu'elle est censée suivre, l'aventure doit
rester imparfaite pour faire comprendre à Wyl qu'il est dans l'erreur
en maudissant ainsi la messagère d'Odin. Au terme de sa quête, le
joueur doit, de la même façon, sentir qu'il a échoué, mais que ce qu'il
a vécu va lui permettre de retenter sa chance à nouveau, avec à chaque
fois de nouveaux atouts pour triompher sans l'aide de la plume.
Pour se venger, Wyl est-il prêt à sacrifier tous ses compagnons ?Afin
de découvrir toutes les ramifications du scénario, il convient donc de
recommencer l'aventure plusieurs fois, le titre comportant pas moins de
trois fins différentes et une multitude d'embranchements qui vont
dépendre directement de la fréquence à laquelle vous allez recourir à
la plume de la destinée. Le fait de recommencer le jeu en conservant
les pouvoirs légués par les alliés sacrifiés précédemment compense
largement la difficulté initiale de la quête, donnant au joueur
davantage de chances d'atteindre la véritable fin sans effectuer aucun
sacrifice. Reste qu'il faut accepter, lors de la première partie,
d'avancer inexorablement vers une issue funeste, au prix d'une
quinzaine d'heures de jeu plutôt exténuantes. S'il conserve la majeure
partie des idées mises en place dans le premier volet, Valkyrie Profile
: Covenant of the Plume s'en démarque toutefois par son approche
tactique, les niveaux en vue de profil laissant la place à des
batailles en vue de trois quart caractéristiques de tout bon jeu de
rôle tactique. La visite des villages se limite elle aussi à des menus
bien austères, la carte du monde donnant simplement accès à des
missions obligatoires ou optionnelles qui surviennent au gré du
scénario.
La confrontation avec Lenneth est-elle inévitable ?Une
fois la bataille lancée, le joueur doit mener son groupe à la victoire
en terrassant tous ses adversaires, si possible sans recourir à la
plume du destin. Bien que l'équipe soit réduite à seulement quatre
personnages, cela suffit tout de même à mettre en place quelques
stratégies qui consistent généralement à assiéger l'ennemi en
l'encerclant de part et d'autre. Ce type de formation vous donnera un
avantage certain dans la phase de résolution des combats qui renvoie
directement au système original de Valkyrie Profile. Chaque personnage
étant associé à un bouton différent, le joueur doit coordonner au mieux
le déclenchement des attaques de chacun pour ne pas interrompre son
combo qui doit absolument atteindre les 100 coups s'il veut lancer
ensuite les redoutables Soul Crush propres à chaque membre de l'équipe.
Ces attaques spéciales destructrices doivent suffire à atteindre
l'Overkill, autrement dit à infliger une raclée monumentale à l'ennemi.
Mais le système de cet opus DS va encore plus loin puisqu'il faut
maintenant réussir à prolonger le combo encore plus longtemps pour
remplir au maximum la jauge de Sin qui n'apparaît qu'après l'Overkill.
Une donnée qui, à elle seule, rend les batailles beaucoup plus
compliquées à gérer que prévu.
L'utilisation de la plume est irrévocable, mais c'est parfois le seul recours qu'il vous reste.Parce
qu'elle symbolise le pacte de sang entre Wyl et la reine du Niflheim,
la jauge de Sin vous indique quel quota minimum vous devez remplir si
vous ne voulez pas que Hel se venge en envoyant des ennemis redoutables
vous trucider à la prochaine bataille. S'il suffit, dans les missions
optionnelles, d'éliminer ses adversaires rapidement en dispersant ses
troupes, ce n'est pas le cas des missions principales où seul le
regroupement des unités autorise l'encerclement des ennemis et facilite
les Overkills. Les récompenses que vous accorde Hel à l'issue des
batailles sont non négligeables, mais elles dépendent justement du
quota de Sin obtenu. Autrement dit, la difficulté première du jeu n'est
pas de terminer les missions, mais de le faire en doublant le fameux
quota demandé afin de recevoir les meilleures récompenses possibles, à
savoir des armes rares qui vous donneront un avantage certain pour la
suite. Très inhabituel dans son déroulement, Valkyrie Profile :
Covenant of the Plume adopte un schéma qu'il vaut mieux cerner dès le
début pour ne pas partir sur de mauvaises bases menant tout droit au
game over. C'est le cas notamment des cristaux qui multiplient les
gains d'expérience à condition de réaliser des combos aériens
prolongés. Le recours à la plume a beau rendre l'unité sacrifiée
quasiment invincible, sa perte définitive est au moins aussi grave que
le fait de s'éloigner encore un peu plus du droit chemin, celui-là même
qui conduit à la véritable fin du jeu. Autant dire que la quinzaine
d'heures de jeu nécessaire pour affronter une première fois Lenneth est
toute relative puisqu'il est impensable de s'arrêter là alors qu'on
dispose de bien plus d'atouts pour réussir.
Essayez à tout prix de doubler le quota de Sin pour obtenir les meilleures récompenses dès le début !Plus
efficaces que les compétences acquises grâce aux récompenses de Hel,
les capacités que vous lèguent les compagnons que vous choisissez de
sacrifier suffisent généralement à faire basculer le déroulement d'une
bataille que vous avez peu de chances de remporter. Le nombre de
sacrifices étant forcément limité, mieux vaut ne pas se tromper lorsque
l'heure de brandir la plume est venue. Vous pourrez alors, moyennant un
coût en points d'aptitudes élevé, diviser par deux les points de vie de
tous vos ennemis, ou encore geler pendant plusieurs tours les créatures
non humaines, et ce n'est qu'un aperçu des nombreux pouvoirs que la
plume peut vous conférer à terme. Conservées d'une partie sur l'autre,
de même que l'équipement et les aptitudes débloquées, ces capacités
constitueront votre principal atout pour mener à bien vos parties
suivantes, chaque embranchement du jeu conduisant à de nouveaux alliés
et donc à de nouveaux pouvoirs. Valkyrie Profile : Covenant of the
Plume n'est clairement pas un titre qui dévoile toutes ses facettes en
une quinzaine d'heures, le plus difficile étant d'accepter toutes les
contraintes du système de jeu pour ne pas baisser les bras trop
rapidement. Riche et complet sur le plan tactique, cet opus DS est tout
de même moins intuitif et beaucoup plus austère que le premier Valkyrie
Profile, décidément indétrônable. Il n'en reste pas moins
incontournable pour quiconque apprécie l'univers de la série de
tri-Ace, à condition de comprendre suffisamment l'anglais pour ne pas
passer à côté de l'excellent scénario du jeu.