Nintendo nous aura fait souffrir méchamment en
retardant la sortie européenne de Super Smash Bros Brawl de plusieurs
mois alors que le jeu est disponible depuis le début de l'année en
import. Ceux qui auront su patienter jusqu'à la date fatidique du 27
juin vont à leur tour halluciner devant l'efficacité incontestable de
cet incroyable cross-over.On l'a découverte en 1999 sur N64, et en presque dix ans, la série
n'aura compté que trois épisodes, chacun sur des supports différents.
Mais lorsqu'on voit à quel point celle-ci a su évoluer dans ce laps de
temps, on constate que Nintendo a fait le bon choix en privilégiant la
qualité sur la quantité. Super Smash Bros Brawl succède ainsi à un
épisode GameCube déjà très convaincant et le détrône sans difficulté. A
peine le soft lancé, le joueur est littéralement bombardé par une
avalanche de modes de jeu, inédits pour la plupart, et ne peut que
s'agenouiller devant l'éventail proprement hallucinant des personnages
proposés.
Attention au passage des Maskass dans l'arène Mario Kart.L'idée
de départ de Super Smash Bros étant de voir s'affronter les figures les
plus emblématiques de l'univers Nintendo, le soft a le bon goût de
mélanger des séries qui n'ont rien à voir entre elles, et dont le seul
point commun est de faire partie des sagas les plus mémorables que l'on
ait vues sur les machines de Nintendo. L'épisode Wii réalise ainsi
l'exploit de réunir dans un seul jeu les univers de Mario Bros, Donkey
Kong, Zelda, Metroid, Yoshi's Island, Kirby, Star Fox, Pokémon, F-Zero,
Mother, Ice Climber, Fire Emblem, Kid Icarus, Wario Ware, Pikmin, Game
& Watch et même Metal Gear Solid et Sonic The Hedgehog. Sega et
Konami apportent ainsi leur contribution à un titre qui devrait faire
date dans le catalogue de la Wii, et qui ne manque d'ailleurs pas de
références au monde du jeu vidéo dans son ensemble. S'ils ne sont pas
jouables directement, des personnages encore plus inattendus font tout
de même quelques interventions durant la partie via les trophées d'aide
qui permettent de les invoquer sur le terrain. C'est le cas de la taupe
Resetti d'Animal Crossing, de l'infâme lutin Tingle, du boss Andross de
Star Fox, du Dr Wright de Sim City, du Gray Fox de MGS, de Vlad issu de
Golden Sun ou encore d'un des chiots de Nintendogs qui vient baver sur
l'écran...
Le mode aventure garantit à lui seul pas moins de 20 heures de jeu.S'il
constitue le défouloir ultime pour le joueur, Super Smash Bros Brawl
offre également un spectacle fascinant pour tous ceux qui ont
l'imprudence de passer derrière l'écran de jeu et qui finissent
immanquablement par saisir la manette, séduits par l'invraisemblance
des affrontements. Toujours aussi nerveux et chaotiques vus de
l'extérieur, les combats n'en restent pas moins très fins pour le
joueur averti qui a pris ses marques sur les précédents volets de la
série. En plus d'offrir un gameplay fantastique, Super Smash Bros Brawl
est avant tout une ode au jeu vidéo dans le sens où il ne reprend pas
seulement les personnages de séries connues mais aussi leur univers et
leur bande-son. Remixés par un grand nombre de compositeurs différents,
ces thèmes prennent une envergure irrésistible pour celui qui les a
entendus à l'époque de la NES ou de la Super Nintendo. Avec plus de 300
pistes au total, l'OST, accessible d'ailleurs via le Sound Test du jeu,
est à couper le souffle pour le nostalgique. Les plus beaux medleys de
Mario, Zelda ou encore Donkey Kong côtoient des remix totalement
inattendus du vieux Tetris ou de Super Mario Land, sans oublier les
versions lyriques de Fire Emblem et du thème principal de Super Smash
Bros Brawl. Du jamais vu dans un jeu vidéo !
R.O.B, un petit air de WALL-E ?On
arrête là les élans nostalgiques pour se tourner gravement vers
l'éventail titanesque des personnages jouables dans cet opus. Sur les
35 héros proposés au final, 16 sont totalement inédits dans la série.
Il s'agit de Meta Knight (Kirby), Pit (Kid Icarus), Wario, Samus sans
armure (Metroid), Ike (Fire Emblem), Solid Snake (MGS), le dresseur
Pokémon (avec Herbizarre, Carapuce et Dracaufeu), Sonic, le Roi DaDiDou
(Kirby), Lucas (Mother), Wolf (Star Fox), R.O.B., Olimar (Pikmin),
Lucario (Pokémon), Toon Link (Zelda) et Diddy Kong. On note l'arrivée
remarquée de R.O.B, le robot de la NES vu dans Mario Kart DS, qui
devrait plaire à tous les fans de WALL-E. Le capitaine Olimar est venu
avec ses Pikmins qu'il est obligé de déterrer en cours de partie pour
les projeter ensuite comme des sangsues sur ses adversaires, les
Pikmins pouvant même fleurir au fil du combat. Les autres ne sont pas
en reste non plus et chacun y trouvera son compte, même s'il est vrai
que certains se ressemblent un peu trop.
Le zoom et les rotations permettent de prendre de superbes photos pour les ranger dans l'album.Les
combats classiques en mode Brawl sont le meilleur endroit pour
apprivoiser les techniques de ces nouveaux venus et retrouver
rapidement ses marques au niveau du gameplay. Celui-ci n'a quasiment
pas changé et offre toujours un éventail de frappes de base et de coups
spéciaux variables d'un personnage à l'autre. Avant d'éjecter ses
adversaires de l'arène, il faut d'abord s'acharner sur eux jusqu'à ce
qu'ils décollent littéralement à la moindre attaque smash. La victoire
sourit généralement aux opportunistes qui savent tirer parti des
multiples objets qui peuvent servir d'armes ou de projectiles et qui
sont capables de profiter de la nature changeante du décor pour piéger
leurs adversaires en évitant d'y laisser eux-mêmes des plumes. Au
registre des nouveautés de gameplay, on note l'apparition de la balle
Smash qui, une fois détruite par un des joueurs, lui permet de
déclencher un Final Smash monumental. Les trophées d'aide, évoqués plus
haut, font intervenir des alliés sur le terrain, quant aux fragments du
dragon, il suffit de les réunir pour canarder tout le monde en vue
subjective, ce qui s'avère généralement fatal pour les autres joueurs.
Sonic fait partie des 16 personnages inédits de Super Smash Bros Brawl.La
profusion des modes de jeu disponibles dans cet opus permet d'accéder à
de nombreuses variantes de jeu en multijoueur ou en solo. Les combats
Brawl jusqu'à 4 joueurs offrent des règles entièrement paramétrables,
et pour la première fois, les parties peuvent se faire online, via la
connexion Wi-Fi. En ligne, les joueurs peuvent d'ailleurs aussi
s'échanger leurs ralentis, leurs photos ainsi que les arènes
personnalisées qu'ils auront créées via le tout nouvel éditeur de
niveaux. L'épisode Wii intègre pas moins de 31 arènes inédites, dont le
décor de Shadow Moses (MGS), d'Electroplancton, de Pictochat, d'Animal
Crossing avec ses voix yaourt, sans oublier le circuit Mario Kart. Le
plus amusant est de voir tous ces environnements évoluer au fil de la
partie, changeant complètement d'aspect et révélant des pièges
insoupçonnés au départ. C'est ainsi qu'on verra la tempête se lever sur
le bateau de Wind Waker, et les micro-games défiler dans l'arène Wario
Ware. A cela s'ajoutent tous les niveaux créés via l'éditeur ainsi que
les dix arènes issues du précédent volet.
Le Final Smash est une attaque ultime différente pour chaque personnage du jeu.Comme
faire loger sur cette page toutes les possibilités offertes par un
titre qui n'a de cesse de nous surprendre durant des dizaines et des
dizaines d'heures de jeu ? Le mode Classic, qui propose dix
affrontements thématiques et un combat final contre la Master Hand, se
renouvelle à chaque partie. Le mode All-Star, jouable seul ou en coop,
fait intervenir successivement tous les personnages du jeu. Le mode
Event comporte par moins de 41 défis en solo et 21 autres en coop,
chaque épreuve exploitant de manière amusante et pertinente les
affinités entre les différents personnages du jeu. Le tableau de
challenges regroupe 128 cases à compléter pour débloquer des secrets en
remplissant des objectifs divers et variés. La page des chefs-d'oeuvre
réunit douze oldies incontournables, dont Ocarina of Time, Super
Metroid et Star Fox 64, à découvrir durant une période de temps limitée
à quelques minutes malheureusement. Les photos compilées dans l'album
et les replays peuvent être sauvegardés sur la console ou sur une carte
SD. Le nombre de choses à débloquer est proprement faramineux, les
stickers s'ajoutant aux trophées pour vous permettre de booster les
capacités de vos personnages dans le mode aventure. En plus des
mini-jeux assez traditionnels et du Boss Rush, on trouve un tout
nouveau moyen de dépenser ses jetons pour gagner des trophées. Le
lance-pièces se présente ainsi comme un mélange de shoot'em up et un
clone de Bust-a-Move, et permet d'élargir sa collection de stickers et
de trophées de manière vraiment ludique.
Des centaines d'heures de jeu en perspective pour collectionner tous les trophées.J'ai
gardé le plus intéressant pour la fin, à savoir L'Emissaire Subspatial,
nom donné au nouveau mode aventure de cet épisode. Jouable en solo ou
en coopération, ce mode garantit à lui seul plus de 20 heures de jeu si
vous voulez le terminer à 100%. Il est constitué d'une multitude de
niveaux de plates-formes bourrés de pièges et de monstres à affronter
pour débloquer un à un tous les personnages du jeu. Les secrets qu'il
renferme sont innombrables et vous obligeront à fouiller les niveaux de
fond en comble pour tout découvrir. Son seul défaut est sa caméra qui
suit uniquement le premier joueur en coop, ce qui peut s'avérer assez
contraignant pour le second joueur. Scénarisé d'une façon à la fois
audacieuse et délirante, il raconte comment le Ministre Antique va
tenter de plonger le monde dans le chaos à l'aide de son armée de
R.O.B. et de clones maléfiques. Le plus amusant est de voir comment
chacun va jouer son rôle, les grands méchants comme Bowser ou Wario
rivalisant de puissance pour transformer tous leurs adversaires en
vulgaires trophées, tandis que Ganondorf tire les ficelles depuis son
repaire. Les séquences en images de synthèse ont beau être muettes,
elles n'en sont pas moins géniales et réussissent à lier entre elles
les péripéties des différentes équipes établies par la force des
choses. Des alliances improbables voient les personnages les plus
classes se ridiculiser en se coltinant des partenaires ridicules,
chaque scène étant un véritable moment de bonheur que l'on peut revoir
à loisir dans le menu des vidéos. A votre place, j'aurais cessé depuis
longtemps ma lecture pour foncer me procurer ce titre d'exception.